Nicolas Matteis

Une viole pour Sinor Nicholao
J’ai toujours considéré mon instrument comme une guitare à archet. La viole de gambe, avec ses épaules inclinées, son fond plat, son manche fretté, son accord en quarte mêlé à une tierce, et surtout son jeu si caractéristique qui se refuse à faire un choix entre souplesse harmonique et phrasé mélodique… tout porte à la rapprocher de ses cousins luths et guitares ! Éternelle délibération entre tenue et arpèges, elle joue de ses atouts avec charme et suspend nos oreilles et nos pensées donnant toujours l’illusion d’être « en concert » avec plusieurs instruments. Ce n’est pas un hasard si elle a tenu pendant plus d’un siècle une place de premier plan dans toutes les capitales d’Europe.

Si on ne lisait pas la mention « violoniste » , on croirait assurément que John Evelyn évoque le jeu d’un violiste dans ce témoignage datant de 1674 :

« J’ai entendu le prodigieux violoniste Sinor Nicholao, qu’aucun mortel n’a assurément jamais surpassé sur cet instrument : son coup d’archet était très doux et il le faisait parler comme une voix humaine, et des fois comme un Consort de plusieurs instruments. »

Et pourtant, c’est bien du compositeur Nicola Matteis, guitariste et violoniste virtuose dont il s’agit ! Proposer ce récital, c’est réaliser ce rêve un peu fou de tendre à Nicola Matteis le manche d’une basse de viole viole et le laisser accomplir son destin.

Ce compositeur entouré de mystère a laissé un répertoire d’une grande sensibilité, caractéristique des goûts réunis. Rompu aux canons germaniques, il maîtrise et détourne l’art du contrepoint et, comme de nombreux compositeurs napolitains, nourrit sa musique de folklore populaire.

Né à Naples et émigré à Londres, il ne renonce pas à la manière italienne à laquelle les anglais auraient pris goût sous son influence et nous donne de précieux conseils de style :
« Vous ne devez pas jouer toujours pareil, mais des fois fort et des fois doux, selon votre fantaisie, et si vous rencontrez quelques notes Mélancoliques, vous devez les jouer doucement et délicatement. »

Pour accompagner les humeurs de ses danses, je convie l’archiluth et la harpe de Thibault Roussel et Pernelle Marzorati, dont le jeu se prête allègrement aux fantaisies saisissantes de ce compositeur insaisissable et précurseur.

Margaux Blanchard

DISTRIBUTION

Margaux Blanchard / viole de gambe
Pernelle Marzorati / harpe
Thibault Roussel / archiluth

PROGRAMME

Nicola Matteis (c. 1650 – après 1713)
Airs et danses tirés des premiers et seconds livres

Suite en la
Sarabanda Amorosa, Preludio, Allemanda ad imitatione d’un tartaglia
Movimento incognito, Passagio rotto, Diverse Bizzarrie sopra la Vecchia
Sarabanda ò pur Ciaccona

**
Suite en sol
Preludio, Sarabanda, Passagio rotto, Corrente, Giga, Aria Burlesca

**

Ad imitatione della Trombetta

**
Suite en ré
Prélude, Aria, Fantasia,
L’Amore, Un poco di maniera Italiana,
Aria Ridicola

MÉDIAS
DISQUE
PRESSE

L’ensemble Les Ombres s’empare avec ferveur des quintettes de Boccherini, divertissements somptueux et rythmés.
Télérama

Couleurs superbes, jeu plein d’esprit et d’élan.
Diapason

Avec Boccherini, Les Ombres sont éclatantes
Classique mais pas hasbeen